Ce que vous dites à un impact sur votre comportement, votre santé… et aussi SUR les autres !

La chimie du cerveau joue un rôle important dans nos relations. Lorsque nous sommes confrontés à la critique, le rejet ou la peur, lorsque nous nous sentons marginalisés ou minimisés, notre corps produit du cortisol, une hormone qui ferme le centre de réflexion de notre cerveau et active ses comportements de protection. Nous devenons plus réactifs et plus sensibles aux émotions. Nous percevons souvent une plus grande négativité que celle qui existe réellement. Ces effets peuvent durer pendant des jours. L’expérience s’imprime dans notre mémoire et influence nos comportements futurs. Le cortisol fonctionne comme un comprimé médical à libération prolongée - plus nous ruminons la peur ou la critique, plus l'impact se prolongera dans le temps.

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Les commentaires positifs et les conversations positives produisent eux aussi une réaction chimique. Ils stimulent la production d'ocytocine - une hormone qui nous fait sentir bien, qui développe notre capacité à collaborer, à communiquer et à faire confiance aux autres en activant des réseaux dans notre cortex préfrontal. Cependant l'ocytocine est métabolisée plus rapidement par notre corps que le cortisol, ses effets seront donc moins forts et moins durables.

La chimie des conversations

Cette « chimie des conversations » est la raison pour laquelle nous devons être plus attentifs à nos interactions avec les autres. Dans son livre « Conversational Intelligence ® : How leaders build trust and get extraordinary results », Judith E. Glaser explique que les comportements qui augmentent les niveaux de cortisol réduisent notre intelligence conversationnelle ou C-IQ® – c’est notre capacité à nous connecter et à penser de façon novatrice, empathique, créative et stratégique avec les autres. Par contre, les comportements qui déclenchent l'ocytocine et vont stimuler le C-IQ®.

Si vous avez tendance à influencer, à « vendre » vos idées pour inciter les gens à délivrer des résultats, votre comportement aura un effet négatif (producteur de cortisol) sur votre interlocuteur qui va rapidement surpasser les bienfaits des comportements positifs (producteur d'ocytocine). Au lieu de poser des questions pour stimuler la discussion, de se préoccuper sincèrement de l’autre et de lui décrire une image convaincante d’une réussite mutuelle, vous avez peut-être tendance à entrer dans les discussions avec une opinion fixe, déterminé à convaincre les autres que vous avez raison?Vous êtes alors peu ouvert aux commentaires des autres, rien n’influence vos décisions et in fine, vous ne parvenez pas à faire ressortir le meilleur de la conversation.

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Sans vous en rendre compte vous bloquez la capacité de votre interlocuteur à penser, à interagir avec vous, à amener des solutions innovantes. Cela va déclencher chez lui une réaction de paralysie, de fuite ou d’attaque. De votre côté, le fait de pouvoir imposer vos idées, d’avoir raison va produire une dose de dopamine qui libérée vous donne une sensation de plaisir comme une récompense pour votre cerveau. Le comportement qui permet cette production de dopamine va être enregistré dans votre mémoire comme bon et peut devenir une addiction que vous allez alimenter inconsciemment. C’est ce que l’on voit chez beaucoup de manager qui tentent souvent d'avoir raison.

Lorsque les managers et les dirigeants apprennent les effets de leur comportement sur la chimie du cerveau, ils peuvent décider de changer leur comportement et apprendre à avoir des relations saines et authentiques qui stimulent la production d’ocytocine plutôt que de cortisol chez leurs collaborateurs. Cela leur permet par exemple de faire des commentaires difficiles et parfois nécessaires de manière plus constructive.

En devenant plus conscients des comportements qui ouvrent et ferment l’accès au potentiel de notre cerveau ainsi que leur influence dans nos relations, nous apprenons à mieux exploiter la 'chimie des conversations'. Cette prise de conscience de notre impact sur la conversation nous permet de nous mettre rapidement sur la même longueur d’onde que les autres, de renforcer nos relations et de développer des niveaux plus élevés d'engagement et d'innovation. « Sans conversations saines, nous mourons. » écrit Judith E. Glaser. Les conversations sont la source d'énergie qui nous fait sortir de notre marasme quand nous sommes tristes. Ce sont elles qui permettent de tisser un climat de confiance et de nous connecter aux autres. Mais ces tissages peuvent être fragiles et s'effilocher, c’est ce qui nous fait nous éloigner des autres de peur de perdre quelque chose ou d’être vulnérable.

Les conversations nous connectent, nous engagent, nous amènent à transformer le monde tous ensemble. « La qualité de notre environnement dépend de la qualité de nos relations, qui dépend de la qualité de nos conversations. Tout se passe au travers des conversations. »

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La prise de conscience la plus importante est de réaliser que chaque personne a le pouvoir de créer un espace de conversation qui amène un échange et un engagement plus profond sans peur et sans jugement.

Rappelez-vous de ces trois leçons lors de vos prochaines conversations personnelles ou professionnelles:

1.       Soyez conscient de vos conversations et du contenu émotionnel que vous y apportez – que ce soit la peur qui ferme le cerveau, ou le plaisir qui ouvre le cerveau. Quel message envoyez-vous ? Êtes-vous en train d'envoyer le message « Vous pouvez me faire confiance, vos intérêts sont au cœur de mes préoccupations » ou « Je veux vous persuader de faire les choses à ma façon ?» Lorsque vous êtes conscient de ces méta-messages, vous créez un environnement sûr qui permet à tout le monde d'interagir en collaboration, de partager ses points de vue, ses sentiments, ses aspirations, de développer l’intelligence collective et de co-créer des solutions.

2.       Les conversations déclenchent des réactions émotionnelles. Elles transmettent du sens mais celui-ci peut être perçu tout à fait différemment d’une personne à l’autre. Les mots incitent soit à vous lier et à faire pleinement confiance, en pensant aux autres comme des amis et des collègues, ou à rompre la relation et voir les autres comme des ennemis, des concurrents. En étant plus attentif à vos conversations et aux mots que vous choisissez, vous apprendrez à créer des environnements sains avec vos proches, dans votre équipe et organisation.

3.       Les mots que vous utilisez dans vos conversations sont rarement neutres. Ils ont chacun une interprétation que vous avez créé avec les années d'utilisation. Chaque expérience que vous vivez, chaque conversation que vous avez, va être interprétée au travers de ce filtre. Savoir comment clarifier vos propos vous permettra de vous mettre sur la même longueur d’onde que votre auditeur, de développer la confiance grâce à une compréhension mutuelle et ainsi vous connecter à l’autre pour un échange beaucoup plus efficace.

 

Jean-Baptiste Rubens